Jamais la préoccupation sur la santé au travail n’a été aussi présente. D’après handicap.fr, 76 % des salariés considèrent l’employeur comme le garant de leur santé psychique. De plus, Shruti Singh, économiste du travail à l’OCDE, estime que 20 % de la population active souffre de troubles psychiques à un moment donné. 1 adulte professionnellement actif sur 6 présente des symptômes associés et le risque reste élevé pour toute personne en âge de travailler.
Toutefois, les troubles psychiques sont encore un sujet de conversation sensible dans le monde du travail. Afin d’y remédier, il convient de sortir des non-dits et d’aborder cette problématique qu’est la santé psychique de manière proactive.
1- La santé psychique : c’est quoi ?
Pour l’OMS, la santé psychique ne se limite pas à une absence de maladie ou d’infirmité. C’est un état de bien-être physique, mental et social où l’individu peut s’épanouir, surmonter les tensions normales de la vie, être productif et contribuer à la vie collective.
Les troubles psychiques au travail ne correspondent pas uniquement à des pathologies “graves”, mais également à des désordres courants dûs au travail et pouvant être pris en charge de manière adéquate.
Certes, un peu de stress est normal et, souvent, les symptômes disparaissent dès que la pression diminue. Toutefois, cela pose problème quand il se prolonge et sans possibilité de récupération, ou pire, lorsque les symptômes persistent même loin des problèmes. Quand nous n’arrêtons pas de les ruminer après-coup, de les anticiper, de s’en créer ou de les amplifier sur soi-même, nous pouvons parler potentiellement de troubles de l’anxiété. A titre préventif et lorsque les troubles persistent, il est recommandé de faire appel à un psychologue spécialisé sur la qualité de vie au travail pour accompagner l’individu concerné et l’entreprise.
2- Les facteurs de troubles psychiques
Stefan Tromel, spécialiste des questions de handicap à l’OIT, explique que plus de 40 % des travailleurs sont confrontés à un stress élevé, poussés par une culture de la compétition et “always-on”. Cela affecte négativement leur santé, leur vie personnelle, leur motivation ainsi que leur productivité.
Les conditions de travail peuvent réveiller certains troubles ou symptômes, engendrant des difficultés d’adaptation, un haut niveau de stress, voire un trouble psychique plus grave. Voici une liste qui est non exhaustive de facteurs à risque :
- la précarité de l’emploi ;
- la non-clarté des consignes ;
- le manque de communication, de confiance, d’autonomie, de reconnaissance au travail ;
- la surcharge et l’épuisement au travail, la non-conciliation travail-vie personnelle ;
- le harcèlement, les conflits et les tensions au travail
Un expert en qualité de vie au travail pourra détecter et analyser l’ampleur de ces facteurs à risque. Il accompagnera également l’entreprise dans la mise en place d’actions préventives.
3- Les conséquences des troubles psychiques en entreprise
Selon la Cour des comptes, les montants liés aux pathologies psychiques et psychiatriques coûtent près de 107 milliards d’euros annuellement. Au niveau de l’entreprise, “Centre for Mental Health” rapporte que les troubles psychiques sont responsables de 72 millions de journées de travail perdues.
Ces pertes résultent, d’une part, de l’absence fréquente des individus malades et d’autre part, du “présentéisme absent”, autrement dit de l’absence de production lorsqu’ils sont présents.
Pareillement, selon la Sécurité Sociale, les pathologies psychiques sont la première cause d’invalidité et le second motif des arrêts de travail en France. 48 % des Français ont déjà pris un jour de congé maladie pour des raisons de santé psychique, mais en prétextant un problème physique plutôt que de dire la vérité.
4- Pourquoi est-ce difficile d’en parler ?
Tous les préjugés, les stigmatisations et les discriminations dissuadent les collaborateurs à demander de l’aide, ce qui ne fait qu’aggraver leur souffrance.
Selon Opinion Way :
- 58 % des sondés refusent de révéler leurs troubles à leur employeur s’ils sont concernés,
- 70 % des atteints de troubles psychiques n’en parlent pas parce qu’ils pensent gêner et mettre leur manager mal à l’aise,
- 47 % des salariés craignent tout simplement qu’évoquer leur santé psychique au travail de peur de nuire à leur carrière et à leur réputation.
Effectivement, les employés qui ont avoué leurs problèmes de santé psychique ont parfois fait l’objet de procédures disciplinaires, de rétrogradation ou de licenciement, ce qui les décourage sur le long terme et pousse même certains à se retirer du marché du travail.
5- Comment améliorer la santé psychique au travail ?
Le conseiller en prévention sur les aspects psychosociaux, Boudewijn D’Hauwers préconise pour préserver la santé mentale : de briser le tabou concernant la santé psychique et améliorer la résilience des travailleurs.
Bien sûr, tout le monde connaît aussi les conseils basiques pour prendre soin de sa santé psychique :
- Faire des pauses régulières ;
- Éviter le stress inutile en apprenant à dire « non » ;
- Classer les tâches et responsabilités par ordre d’importance et d’urgence ;
- Rendre service aux collègues et reconnaître ses limites ;
- Mutuellement, savoir demander de l’aide et chercher du soutien ;
- Mieux gérer les conflits ;
- Cultiver sa créativité et casser la routine quotidienne ;
- Demandez l’aide d’un professionnel de santé.
Néanmoins, il n’existe pas d’approche unique étant donné que le travail affecte chaque individu de façons différentes. Ce qu’un collaborateur trouve stressant, un autre peut le trouver excitant. Comprendre au cas par cas est la seule manière de déterminer les facteurs contributifs aux problèmes de santé psychique de chacun.
Encore une fois, encourager des check-ins réguliers entre collaborateurs et managers permettent de façonner le travail en fonction de la personnalité et des besoins individuels. Ces discussions ne se limitent pas aux progrès et aux performances, mais approchent aussi les questions du bonheur et du bien-être au travail.
Conclusion
Certes, partager son ressenti, ses expériences, se confier, être disponibles pour aider sont le point de départ vers une meilleure qualité de vie au travail. Mais le plus important et dan l’idéal, c’est de connaître les notions clés sur la santé psychique, sans biais ni préjugés.
La Gazette Moselle rapporte en effet que seuls 22 % des salariés pensent être suffisamment informés sur les différents troubles psychiques pour être capable de réagir face à une attaque de panique ou une crise suicidaire. Au même titre, moins du tiers des entreprises mettent en place des actions pour favoriser le bien-être au travail.
L’ignorance est un énorme obstacle au changement positif. Beaucoup ne comprennent tout simplement pas les troubles psychiques. Ils pourraient classer l’expression d’un trouble en comportement déplacé et accidentellement empirer la situation. Bien comprendre le trouble est une des clés de l’accompagnement et permet de s’adapter à la situation. En vous informant, vous apprendrez à prendre de la distance, à décoder l’attitude de votre collègue, à repérer les signes et savoir comment agir ou quand rediriger vers un spécialiste au plus tôt.
Color Your Life est un cabinet spécialisé dans la psychologie positive. Nous conseillons et accompagnons les entreprises qui mettent au coeur de leur fonctionnement la qualité de vie au travail. Nous accompagnons les managers et les collaborateurs à connaître, à identifier et à adopter les gestes adaptés vis-à-vis des troubles psychiques. Nous accompagnons également les individus vers le chemin de la résilience et de la stabilité psychique.
Les références :
Santé mentale, un tabou : les entreprises ne font pas le job
Santé mentale en entreprise, la fin d’un tabou ?
La santé psychologique au travail
Mental Health Matters – Your guide to a healthier workplace
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